A la découverte des stations scientifiques antarctiques

L’été dernier, j’ai collaboré avec l’Institut Paul Emile Victor pour créer un quiz anglophone. L’idée ? Faire découvrir de manière ludique des anecdotes de la vie dans les stations scientifiques australiennes et françaises en Antarctique. Et des anecdotes, j’en ai découvert une myriade en explorant les blogs des hivernants ! Et oui, en pleine canicule, je me rafraichissais en vivant par procuration en Antarctique…

Et finalement, s’il faut bien sûr un mental solide et et une bonne condition physique pour partir quelques mois ou toute une année là-bas, ça aussi l’air d’être une impressionnante aventure humaine ! Ces longs mois sont émaillés de challenges, de recherche, mais aussi de plus de confort qu’on pourrait le croire, de soirées festives…

En tout cas, le quizz a été bien utilisé pendant l’Australian antarctic festival à Hobart. Le festival australien était ouvert pour la première fois aux collaborateurs des autres pays acteurs de la recherche scientifique en Antarctique.

Escape game ?

A l’origine, les 2 jours et demi passés à accompagner l’équipe de formateurs d’étudiants infirmiers à Saint-Egrève étaient prévus pour concevoir un escape game sur la pharmacologie. Finalement, pendant les 2 jours de formation précédents, les formatrices responsables de cette unité d’enseignement ont préféré faire un autre type de jeu. Après une séance d’intelligence collective pour imaginer le concept de jeu, nous sommes donc partis sur un jeu mêlant défis sportifs, travail coopératif… Au final, 3 salles dédiées chacune à une thématique aideront les étudiants à réviser.

L’une est basée sur l’étude d’un cas pratique pour lequel les étudiants répartis en 2 équipes doivent donner les bonnes réponses (signes cliniques à surveiller, suspicion de pathologie, gestes cliniques à réaliser suite à l’ordonnance du médecin). La première partie est une question de rapidité et de connaissances, pour s’échauffer. La seconde est… une course de relais ! Ce format original permet non seulement d’inclure un peu de sport, mais aussi d’insister sur 2 médicaments, dont l’un prend le relais de l’autre. Chaque équipe doit donc coacher ses 2 représentants pour qu’ils démarrent chacun la course au bon moment, avec une piste matérialisée au sol et des choix à faire.

Une autre salle mêle brainstorming en équipe afin de reconstituer les 6 grandes familles de médicaments sur des étiquettes. Tous les étudiants coopèrent ensuite pour compléter des arbres en A0 avec leurs étiquettes. Les arbres soulignent parfois une caractéristique de la famille de médicament (comme le saule blanc don on extrait un composé actif).

La 3ème salle, consacrée à l’hémostase, est basée sur de la modélisation. Les étudiant ont du matériel à disposition (filet à patates, patates, briques avec des couleurs et des noms de médicaments) pour reconstituer les étapes de l’hémostase. L’hémostase, c’est simplement la coagulation, le processus par lequel notre sang devient si visqueux qu’il arrête de couler au niveau d’une coupure. Les formatrices avaient déjà à peu près tout le contenu, et nous avons imaginé une modélisation facile à mettre en place. L’argumentation des modélisations jouent un rôle important dans cette salle, pour souligner ses limites et bien approfondir la connaissance du sujet.

Ce jeu là est très riche, très varié, mais avec des objectifs pédagogiques bien cernés et une organisation permettant de rester 30 minutes par salle. Sur 2h de TD, les étudiants peuvent ainsi réviser sous toutes les coutures et avec différentes approches !

Blind phy, un jeu pour réviser les psychopathologies

Ce 3ème jeu créé par l’équipe de formateurs de l’école d’infirmiers de Saint-Egrève est une adaptation de Diagnosquick, le jeu créé avec Charlotte Gouédart l’année dernière pour les révisions des ses étudiants en dentisterie pédiatrique. Cette fois, les étudiants infirmiers doivent réviser les psychopathologies, autrement dit toutes les maladies psychiatriques.

Les cartes sont de 3 types : soins infirmiers, médicaments et les cas pratiques. Les plateaux ont bien sûr été adaptés par mes soins, de même que la boîte de cartes. Ces 2 éléments de jeu seront fabriqués au fablab local. Plus besoin de dé : les étudiants sont partagés en 2 grandes équipes avec chacune un petit groupe de représentants. Ces 2 petits groupes s’affrontent à tour de rôle devant le reste de leurs co-équipiers, transformés en supporters. Les petits groupes tournent pour mobilier tous les étudiants. La première équipe à jouer est désignée par un papier-caillou-ciseau.

On est sur un jeu à la fois coopératif au sein de l’équipe et de compétition, avec une ambiance type match de sport correspondant bien aux formatrices responsables de cet enseignement. Le sujet lui-même reste traité de manière assez formelle, sans mime, sans espace de créativité, par choix.

Débat et des hauts

2ème jeu imaginé par l’équipe de formateurs d’étudiants infirmiers en juillet : « Débat et des hauts ». C’était peut-être le plus dur à accompagner car les contenus étaient très flous au départ : aider les étudiants infirmiers à mettre des mots sur les relations (entre soignants, entre soignés et soignants etc.).

Au final, une sorte de loto avec tirage de boules de différentes couleurs permet à chaque groupe d’étudiants de réfléchir aux relations évoquées soit dans une vidéo, soit dans une situation à mimer, soit dans un mot, soit dans une citation. Des variantes sont prévues pour varier la difficulté. Le jeu est clairement axé sur la coopération et les échanges plutôt que sur la compétition.

Archip’help

Archip’help est un des 4 jeux créés par l’équipe de formateurs et de formatrices de l’IFSI de Saint-Egrève (école d’infirmiers) en juillet dernier.

Les étudiants, transformés en disciples de chaman partent explorer les îles et les archipels pour restaurer le mana de chaque archipel. Le storytelling très développé avec du vocabulaire et des graphismes issus de la culture maori vient d’une des formatrices très branchée cultures du monde.

Les ateliers à faire sur chaque île permettent aux étudiants de découvrir et/ou de réviser en cours de semestre leurs connaissances en processus obstructifs (tout ce qui se bouche : les AVC, les thromboses etc.). La carte de navigation des étudiants permet de réguler la circulation entre les différentes îles (disposées chacune sur une table décorée). Un carnet de navigation permet à chaque trio d’étudiants de s’autoévaluer sur les connaissances acquises, en cours d’acquisition ou non acquises sur chaque île (donc pour chaque pathologie).

Pour ma part, j’ai aussi bien fait le graphisme de la carte, qu’aider à la mise en page du carnet de navigation, au concept, j’ai posé toutes les questions auxquelles j’ai pensé pour aider l’équipe à se mettre à la place des étudiants ce qui a permis d’adapter à leur niveau, à fluidifier les déplacements, à jauger le temps, à imaginer des alternatives.

Des jeux de formation pour les étudiants infirmiers

Après 2 jours et demi de travail intensif avec une équipe pédagogique hyper motivée, 4 jeux de formation sont déjà bien avancés !

Intelligence collective pour faire émerger les concepts, travail de sélection et d’adaptation des contenus, prototypage, création des éléments de jeu : les 4 groupes de formateurs et formatrices ont bien pris en main les contenus de formation de la semaine précédente et ont appris à éviter les écueils et à se faire confiance !

C’est la règle !

Le jeu sous toutes ses facettes #7

Ce mois-ci, je vais aborder avec vous le dernier mécanisme de motivation du jeu : les conventions ou, plus simplement, le plaisir de suivre des règles.

Souvenez-vous, un jeu est réglé : les joueurs acceptent implicitement de suivre les règles en acceptant de jouer. Pour ceux ayant des enfants, vous savez d’ailleurs qu’apprendre à suivre des règles est loin d’être inné !

Ceci dit les règles sont nécessaires : elles explicitent les actions des joueurs, leur(s) objectif(s), leur manière d’interagir, les éléments du jeu. Bref, c’est un élément fondamental du jeu, pour lequel il ne faut pas hésiter à passer du temps de conception, de prototypage et se faire accompagner au besoin.

Vous pensez que j’exagère ? Voyez les règles comme une espèce de contrat social entre le concepteur du jeu et les joueurs : si les joueurs suivent les règles, ils vivront une partie optimisée. Cela implique que le concepteur ait anticipé tout ce qui peut se passer au cours d’une partie, les questions que vont se poser les joueurs etc.

Quelque soit le contexte, si les règles ne sont pas claires, les joueurs ne vivront pas une expérience optimale du jeu. Elles permettent de mettre en place un cadre sécurisé dans lequel les joueurs peuvent vivre pleinement le jeu.

Pour autant, les règles peuvent laisser une grande liberté d’action aux joueurs, les laisser innover, créer, imaginer.

Ludinno, une formation

Et voilà, 2 jours intenses de formation à l’IFSI (école de formation des infirmières et des aides-soignants) de Saint-Egrève ! Au programme : un gros soupçon de théorie sur la neuro-pédagogie, sur les jeux de formation, le fonctionnement des jeux en général soupoudrant beaucoup d’expérimentation et d’analyse de jeux de différents types. Je ne conçois pas une formation sur les jeux de formation sans… jeux de formation !

Et ensuite ? Une bonne partie de la 2ème journée est dédiée à la mise en pratique ! En utilisant des techniques issues de l’intelligence collective et de l’agilité, toute l’équipe pédagogique a délimité 4 problématiques liées à des objectifs pédagogiques, puis a conçu des concepts de jeu ou choisi comment intégrer des éléments de jeu dans certains cours.

Une formation d’initiation à la ludo-pédagogie intense mais très sympa (et forcément ludique !), calée sur-mesure pour l’équipe.

Jouer ensemble

Le jeu sous toutes ses facettes #6

Ce mois-ci, je vais vous parler de la dimension sociale du jeu.

Les enfants grandissent en jouant, cela fait partie intégrante de la construction de la personne sociale. Certains pays, notamment nordiques, laissent une part très importante au jeu dans l’école maternelle voire primaire. Le jeu leur permet non seulement d’imiter, d’expérimenter de manière tout à fait spontanée et naturelle mais aussi d’apprendre à interagir avec les autres. Et pour l’adulte ?

Que ce soit une partie endiablée de cartes en famille, une partie d’escape game ou encore un jeu de rôle, peu importe : le jeu créé du lien social. Le plaisir ressenti à jouer ensemble, à jouer avec les autres peut même primer sur la qualité du jeu lui-même. C’est l’expérience partagée qui prend alors le pas et donne de beaux souvenirs ou l’envie de recommencer. Cette motivation sociale fait du jeu un vecteur très pertinent pour créer du lien dans une communauté.

Jouer ensemble peut également permettre de découvrir une autre facette des joueurs, dans le cadre d’un jeu en entreprise par exemple. La manière de jouer est révélatrice de certains comportements ou façons de penser. Le jeu peut ainsi être conçu pour inciter les joueurs à travailler en synergie, en s’appuyant sur leurs différences.

Lumière sur la Low-tech : un escape game

Et voilà, après des jours à trier le contenu, à imaginer des énigmes, à créer tous les éléments… Lumière sur la Low-tech, un escape game faisant découvrir la démarche low-tech est prêt pour ses premiers tests grandeur nature !

En version tout public pour 4 à 6 joueurs, ou en version 18 joueurs pour les classes et les formations. J’ai même détournée une low-tech pour l’intégrer à l’escape game, avec la collaboration du Low-tech Lab Brest qui sera le principal utilisateur du jeu. A la fois énigme et support pédagogique pendant le debriefing du jeu, la lumigo (lampe solaire-chargeur) nous a bien occupés !